Lauriane Fatton

Lauriane Fatton

Vous venez de finir l’illustration et la coécriture d’un livre jeunesse sur l’acceptation des différences qui devrait paraître prochainement. Comment est né ce projet ?

C’est une idée que j’ai eue avec Manon Baecher, une amie rencontrée pendant mes études à la HEP. En travaillant sur notre mémoire, on a commencé à avoir des idées

farfelues et je me suis mise à dessiner un petit personnage avec des longs bras, des poils et une trompe autour duquel on a inventé tout un univers. Le peuple des Gouloumas était né !

Quelle est la particularité de ces drôles de créatures colorées ?

Chez les Gouloumas, il n’y a pas de stéréotype de genre. Un personnage rose peut être une fille, un garçon, ou les deux, ce n’est pas important. Ils naissent blancs, puis se voient attribuer une couleur distincte par le Nork, une sorte de divinité. Depuis toujours, les Gouloumas forment des couples entre individus de couleur identique. Lors d’une célébration, le Nork valide cette union en leur offrant une maison de la même teinte que leurs pelages.

Qu’arrive-t-il ensuite ?

Alors que c’était impensable, deux Gouloumas de couleurs différentes décident de s’unir, allant à l’encontre de la tradition. Les autres Gouloumas les rejettent, terrifiés par l’idée de fâcher le Nork, mais contre toute attente, celui-ci se contente simplement de leur offrir une maison bicolore. Les Gouloumas réalisent que rien ne s’oppose aux unions bicolores et celles-ci sont, dès lors, totalement acceptées. C’est tout bête comme histoire, mais parfois, on s’impose des limites qui n’ont pas lieu d’être.

Val-de-Travers est parfois perçue comme une région qui manque d’ouverture, qu’en pensez-vous?

Au contraire, elle est de moins en moins fermée. Il y a 5 ans encore, j’avais une vision d’un Val-de-Travers très fermé. Je suis enseignante et mes bras sont tatoués. Quand j’ai commencé à enseigner, j’avais peur du regard des parents et je ne portais que des pulls à manches longues. Mais j’ai vite assumé et remarqué que non seulement ce n’était pas un problème, mais que de nombreux parents d’aujourd’hui ont aussi des tatouages. J’aime mon travail et je pense que ça se voit. C’est surtout ça qui compte aux yeux des parents.

Je note une belle évolution des mentalités. Il y a 10 ans en arrière, à CarnaVallon, si j’embrassais ma copine de l’époque, les gens s’arrêtaient de danser et certains étaient même choqués. Aujourd’hui, on n’a plus ce genre de réactions, les gens n’y font plus vraiment attention. C’est vrai que ce n’est pas encore comme dans les grandes villes où je vois beaucoup de couples homosexuels se donner la main pour se promener, ici ça ne se fait pas vraiment, parce qu’on ne veut pas attirer les regards sur nous.

Les médias et les réseaux sociaux jouent aussi un rôle important, pas toujours en bien évidemment, mais ça a surement contribué à l’ouverture du Val-de-Travers dans plein de domaines.

Un symbole d’ouverture à Val-de-Travers ?

Le festival Hors Tribu avec son ambiance alternative ! Les gens sont ouverts, on peut parler de tout, les festivaliers viennent autant du Val-de-Travers que d’autres régions. On communique, on s’amuse, on échange énormément. C’est vraiment un événement qui apporte beaucoup aux habitants d’ici et qui casse pas mal d’idées préconçues sur la région.

Vous habitez à Môtiers, qu’est-ce qui vous plait tant ici ?

J’aime beaucoup la nature… Les grandes villes, ça me stresse. J’ai besoin de ce rapport avec la nature et là, à 5 minutes, je suis dans la forêt. C’est magnifique, on a la Poëta Raisse, la Sourde juste à côté. Ici, on n’a pas besoin d’attendre le week-end pour s’échapper dans la nature, je peux y aller en sortant du travail et ça c’est un super avantage !

J’aime bien aussi aller aux champignons, j’ai mes petits endroits ! Le Val-de-Travers pour la cueillette, c’est juste génial ! J’ai besoin de ce côté calme et sécurisant de ma petite vallée qu’est le Val-de-Travers. Je m’y sens vraiment chez moi. D’un autre côté, je suis quelqu’un qui adore découvrir le monde, je voyage beaucoup, et j’aime tout autant visiter la Suisse et dormir dans les cabanes du Club Alpin par exemple, mais je suis toujours contente de rentrer chez moi, au Val-de-Travers.

Quel est votre endroit préféré?

J’adore aller au Creux-du-Van. S’il y a bien un truc que j’adore, c’est de manger dehors ! Je prends mon réchaud et j’invite des amis ou de la famille et on va faire des fondues dans la nature. Et le Creux-du-Van ainsi que les cabanes forestières sont top pour cela !